Ithaca
je repenserai toujours
à ce silence
ce silence
qui nous enveloppait
comme un édredon sublime
ces glissements
de nos mains
généreuses
le long
de nos chairs-de-poules
tendues
ces petits cliquetis
liquides
qu’émettaient
nos bouches
toutes à leurs caresses
et à leurs baisers
je me rappellerai
toujours
des sons étranges
venus du ventre
malade
de ton calorifère
américain
ça me réveillait
dans la nuit
et tu étais
dans mes bras
je passais
ma main
dans ta chevelure
et tu t’éveillais
soudainement
et tes jambes
autour de ma taille
me serraient
plus fort
et tes lèvres
cherchaient les miennes
et tu soufflais
chaude
dans mon cou
et tu me trouvais
enfin
et ta langue
caressait
la mienne
et la vie
ces jours-là
valait enfin
le prix d’entrée
la vie
valait enfin
le détour
toutes les emmerdes
qu’il avait fallu
traverser
pour survivre
jusque là
pour arriver
à ce moment
de félicité
de synchronicité
et puis
ben là
ce soir
tu es là
dans ma ville
à l’autre bout
de ma ville
faut pas
me prendre
pour un con
enfin
j’irai pas
vérifier
mais je sais
quand même
comment
les choses
marchent
enfin
la femme
que j’aime
toi
tu es
la femme
que j’aime
la femme
que j’aime
est ici
ce soir
dans ma ville
pas à 2000 km
pas à 4000 km
pas dans un vaisseau spatial
aux limites du système solaire
pas en train de galoper
à cheval
entre deux autres époques
mais belle
et bonne
et bel
et bien
ici
ce soir
dans ma ville
de l’autre côté
du Mont-Royal
et
je
ne
pourrai pas
dormir
la sachant là
si près
tout près
et y a pas
beaucoup de
doute
que son pubis
à lui
bute
sur son front
à elle
en ce moment
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© Éric McComber, 1999
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