sans connaissance

Dans ce roman à la langue crue, détonante et pleine d'humour, Éric McComber nous raconte l'histoire tragi-comique d'Émile Duncan, de son enfance dans le Montréal-Nord des années 1970 - violence et « granolisme catho-colonisé » - jusqu'à sa plongée dans la sensualité brute et l'alcool, entre neige sale et ciel bleu.
— David Rochefort

samedi 1 janvier 2005

Bibliothèques de Brest

Source

Romans Adultes, juin 2007


Auteur: Eric MCCOMBER
Editeur: © 2007 - Autrement (Littératures)

Sexe, alcool, et rock'n roll à Montréal, Québec

Résumé :
Dans les années 70, le petit Emile Duncan vit avec ses parents dans une banlieue populaire de Montréal nord. Sa mère, une ancienne infirmière, un peu "hippie", a ouvert un cabinet de psychothérapeute. Son univers, c'est surtout la rue, les bagarres, violentes, entre les bandes adverses. Il a un bon copain, Jeff Groux. Après une scolarité moyenne, il intègre la "polyvalente", un lycée technique où il se fait un nouvel ami, Christian Wilson, qui s'occupe du journal du lycée. Ses études sont écourtées, il travaille dans un bar et devient chanteur d'un groupe de rock'n roll. Sa vie tourne essentiellement autour de l'alcool, du sexe et de la musique.


Commentaire :
Ce roman très "oral", au rythme rapide, à l'écriture "musicale", utilise le "joual", le franco-québécois parlé. Souvent, le contexte (ou la capacité à verbaliser dans sa tête ce que les yeux lisent) permet de comprendre la langue, sans qu'il soit nécessaire de recourir au lexique en fin de volume et donc de hacher sa lecture au risque de perdre l'élan du récit. Ce récit, très factuel, probablement à caractère autobiographique, raconte en chapitres courts et dans une succession rapide de scènes parfois très crues, ce qu'il convient d'appeler une "défonce" à caractère suicidaire. Les scènes de sexe de l'âge adulte s'enchaînent aux scènes de violence de rue de l'enfance. Etant donné que l'auteur s'abstient de toute introspection, de toute auto-analyse ou de tout commentaire de nature sociologique, c'est le lecteur lui-même qui au terme du récit se demande : "Mais ça dit quoi, au fond ?". Il peut répondre : "rien, quel intérêt ? J'ai perdu mon temps" ou bien se rendre compte qu'avec un cynisme et un humour acides, Eric McComber nous parle d'une génération en perdition, qui n'a pas eu de cadre, une génération d'enfants livrés à eux-mêmes par des parents bohêmes, dont les gentils principes cathos ne faisaient pas le poids devant la réalité des quartiers déshérités. Une génération qui trouve son emblème dans le personnage d'Emile, confronté à la précarité, à la débrouillardise et à la pauvreté, qui trouve ses refuges dans la musique rock, l'alcool et le sexe, mais qui appelle Papa quand il fait une overdose... se retrouvant "sans connaissance", le titre pouvant s'entendre aussi comme une allusion à la pauvreté de culture de ce jeune homme aux études écourtées...

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